Structurer un roman – Partie 1/2

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Crédit photo : Kseniia Rastvorova sur Unsplash

Durant l’année 2019, mes articles ont été consacrés principalement à la promotion de livres (comme celui-ci, par exemple), lancement de mon premier roman oblige. En 2020, je compte me focaliser davantage sur l’écriture proprement dite. On commence donc dès aujourd’hui avec un premier article sur comment structurer un roman.

L’importance de la structure

La structure est un élément essentiel de toute fiction, qu’elle soit développée de façon instinctive ou par le biais d’un effort conscient. On distingue généralement deux types d’auteurs :

  1. ceux qui partent d’une idée générale pour construire au fur et à mesure leur trame en suivant l’évolution de leurs personnages ;
  2. ceux qui échafaudent de manière détaillée leur intrigue avant même de commencer à écrire.

Dans Vous écrivez ? Le roman de l’écriture, Jean-Philippe Arrou-Vignod qualifie le premier type d’écrivain « tisserand » et le second d’écrivain « architecte ». Personnellement, je penche plus vers le deuxième, peut-être en raison de ma formation d’ingénieur. J’aime savoir où je vais et le fait d’avoir un plan précis dès le départ me rassure. C’est sans doute une question de personnalité ou de tempérament. Quelle que soit votre préférence, il sera de toute façon important d’avoir une histoire qui tient la route au final.

Nous allons voir dans cet article et le suivant quelques modèles qui peuvent aider les auteurs de fiction à structurer un roman. Nous partirons du cadre le plus large avant d’évoluer vers des modèles plus précis.

La structure en trois actes : la base de la fiction occidentale

Depuis La poétique d’Aristote, on dit que toute histoire doit avoir un début, un milieu et une fin. Il s’agit de la célèbre structure en trois actes encore très utilisée aujourd’hui, notamment pour l’écriture de scénarios, et qui trouve son origine dans la tragédie grecque :

  • Acte 1 – le début
  • Acte 2 – le milieu
  • Acte 3 – la fin

Pour maintenir l’intérêt du lecteur, il est évidemment préférable qu’il se passe quelque chose dans le milieu. Dans toute histoire, on a généralement un ou des personnages qui tentent de résoudre un « problème », c’est-à-dire un bien difficile à atteindre ou un mal difficile à éviter. Ce problème augmente au fur et à mesure jusqu’à un point culminant et finit par se résoudre d’une façon ou d’une autre.

La structure en trois actes fournit une ossature très basique, qui n’aide peut-être pas beaucoup l’auteur « architecte » souhaitant établir un plan détaillé. Le modèle suivant va un peu plus loin dans la structuration.

Le schéma narratif (quinaire)

Issu de la linguistique structurale dans les années 1960-1970 et modélisé par Paul Larivaille, le schéma narratif est un outil d’analyse littéraire qui met l’accent sur l’action. Élaboré à partir de l’étude de contes traditionnels, il fournit une grille de lecture qui décompose le déroulement d’une histoire en une succession logique et chronologique de cinq éléments essentiels :

  1. La situation initiale : situation stable, on plante le décor en répondant à Qui ? Quoi ? Où ? Quand ?
  2. L’élément déclencheur : rompt l’équilibre et met l’histoire en mouvement, un problème émerge.
  3. Les péripéties : aventures du personnage principal pour résoudre le problème.
  4. Le dénouement : le climax débouche sur une dernière péripétie qui résout le problème.
  5. La situation finale : retour à un état stable, mais différent du début, heure du bilan pour les personnages.

Le schéma narratif peut aider les auteurs à élaborer l’architecture de leur histoire et à en rédiger le plan général sur la base d’un modèle qui a fait ses preuves. Il permet de bâtir une ossature qui servira de fil conducteur au récit en montrant le cheminement de l’intrigue du début à la fin. Pour plus d’information sur le schéma narratif, vous pouvez consulter Le schéma narratif et le schéma actantiel d’un certain Frédéric Buffa…

On remarquera que ce modèle reste parfaitement compatible avec la structure en trois actes qu’il permet de décomposer en cinq parties (d’où l’appellation parois de « schéma narratif quinaire » ou « schéma quinaire ») :

  • Acte 1 (le début) = 1. La situation initiale + 2. L’élément déclencheur ;
  • Acte 2 (le milieu) = 3. Les péripéties ;
  • Acte 3 (la fin) = 4. Le dénouement + 5. La situation finale.

Le schéma narratif a l’avantage de mettre clairement en évidence les éléments charnières sur lesquels s’articule la transition entre les actes, l’élément déclencheur et le dénouement, qui encadrent le milieu de l’histoire. Par contre, il ne fournit aucune aide concernant l’enchaînement des péripéties au sein de l’acte 2, qui constitue le « ventre » de l’histoire et la partie généralement la plus volumineuse. La gestion de la tension dramatique tout au long de ce milieu peut s’avérer délicate. Nous verrons dans le prochain article des modèles qui permettent également de poser des balises tout au long de l’acte 2.

Voilà, on se retrouve bientôt pour la suite de cet article avec Structurer un roman – Partie 2/2 sur Vivre d’écriture. Si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez pas.

Frédéric

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2 réflexions au sujet de « Structurer un roman – Partie 1/2 »

  1. J’attends ton prochain article avec impatience, parce qu’effectivement, c’est surtout ce que tu appelles « le milieu » qui est difficile à écrire. C’est là aussi que la charpente sert à quelque chose.

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